Théâtre documentaire

Depuis des années la Compagnie Le Tourbillon s’attache à rendre compte du réel grâce au théâtre à travers une démarche documentaire. Cette forme particulière de théâtre repose sur une volonté de témoignera rencontre entre une question ou une problématique de société et une volonté de présenter…

La compagnie a mené différents projets dans cet axe que ce soit dans le domaine de la création (Terre de Nod, U4 de Uckange), ou du théâtre en institution (les 30 ans du CASAM en 2019) ou du théâtre d’intervention (Théâtre forum pour les APF qui interrogeait le public autour de la question de l’éthique).

« Comment aller au-delà,
aller derrière

ne pas nous arrêter à ce qui nous est donné à voir
ne pas voir seulement ce que l’on savait d’avance
que l’on verrait ?

Comment saisir ce qui n’est pas montré, ce qui n’a pas été photographié, archivé, restauré, mis en scène ? »

Ellis Island – Georges Perec

« Sur les traces du CASAM »

En 2019, le CASAM fête ses trente ans d’action et passe une commande à la cie Le Tourbillon : l’objectif est de rendre compte de façon vivante de l’accueil des migrants sur le sol mosellan, mais aussi de rendre compte de l’engagement fort des bénévoles de l’association

Tout comme des chercheurs issus du théâtre documentaire, Le Tourbillon a mené son enquête. Les comédiens sont partis à la rencontre des anciens de l’association, qu’ls ont interviewés, puis ils ont étudié les comptes rendus d’AG et autres bilans d’activité, ils ont découvert les procédures de la demande d’asile, ont participé à des cours de FLE…

Forts de ce matériau et de toutes ces rencontres, les comédiens créent un spectacle, qui rend compte des activités du CASAM, qui raconte l’engagement des bénévoles, qui témoigne du travail de ces écrivains de récits de vie et du travail des traducteurs, des professeurs de FLE et de bien d’autres aussi…

Entre fiction et réalité, bienvenue dans un voyage drôle, tendre et poétique qui se situe à la croisée des destins….

Papas Kriege 2017

Trois pays, Quatre artistes, Un projet européen commun :

Trois acteurs, un metteur en scène, quatre hommes issus de cultures différentes, d´une même génération, quatre frères de la famille Europe: Matthias Kuchta (Allemagne), Laurent Varin (France), Zbigniew Moskal (Pologne) et Claude Magne (France- Metteur en scène). Ils se sont rencontrés pour la première fois en janvier 2017 unis par une mémoire commune. Ils ont grandi marqué par les traumatismes de la guerre, les silences et les tabous. Ils ont eu envie de rompre les silences, de raconter leurs histoires mais surtout de nous raconter l’Histoire, la nôtre au- delà des origines et des frontières.

De cette rencontre est née une première création, actuellement encore en répétition, qui sera jouée en Allemagne le 24 juin 2017 prochain pour la première fois. « Papas Kriege » / « Les guerres de mon père » : le projet repose sur des documents originaux datant de la 1ère et 2ème guerre mondiale.

Des documents en partis directement liés à l’histoire personnelle (et bouleversante) de Matthias Kuchta : extraits du journal de son grand-père envoyé au front pendant la 1ère guerre mondiale en tant qu’aide-soignant, profondément marqué par la guerre, devenu pacifiste suite à cette expérience. Correspondance et photos du père de Matthias et fils du grand-père, enrôlé pendant la seconde guerre mondiale dans l’Allemagne nazie, qui participera en tant que soldat aux raids en Belgique, en Pologne, en France et en Russie.

Ces documents sont complétés par d’autres documents historiques originaux recueillis en France et en Pologne et par les témoignages et souvenirs des acteurs impliqués dans le projet. Une même histoire, racontée de part et d’autre de la frontière qui met à mal la notion d’ennemi. C’est un travail de mémoire, individuelle et collective, ponctués de réflexions sur l’évolution actuelle de nos sociétés : dans toute l’Europe ressurgissent les idées nationaliste et la peur de l’étranger. Les frontières et murs qui s’étaient effondrés refont surface dans les débats et annoncent un retour en arrière ?

Le résultat de ce travail sera présenté dans une pièce de théâtre, qui parle moins de la guerre que de l’homme face à la guerre.

Ostinato 2016

Ostinato est avant tout un hommage rendu à ce millier de femmes et d’hommes. Enfermés au Fort de Queuleu par les nazis entre octobre 1943 et aout 1944, afin de les interroger dans le cadre du démantèlement des réseaux de résistance lorrains avant de les déporter en divers camps de concentration, trente six d’entre eux périrent sur place et de très nombreux autres en déportation.
Depuis 45 ans, la mémoire est transmise, perpétuée, malgré les anciens qui disparaissent.

L’écriture de la pièce part de leurs témoignages, écrits, enregistrés et filmés. Nous avons eu la chance de rencontrer certains d’entre eux encore vivants. Leurs témoignages sont un matériau riche et essentiel à l’aboutissement de ce projet.

C’est aussi une multitude de points de vue qui rend possible une mise en perspective.
Les témoignages récoltés convergent parfois. Nous nous appuyons également sur de nombreux ouvrages historiques ainsi que cinématographiques. La musique vient naturellement , elle aussi, nourrir ce travail.

Il nous semble évident que ce projet ne trouvera de sens et d’intérêt qu’à la condition d’inviter chacun à s’interroger. C’est un des grands axes de notre réflexion, sans doute le plus délicat.